« Après avoir mis en scène « Alphonse », une nouvelle de Marie-Hélène Lafon, je poursuis ma plongée dans son écriture avec l’adaptation de la première partie de son dernier roman « Les sources », dans lequel son style ou plutôt sa griffe atteint des sommets d’épure.
« Samedi 10 et dimanche 11 juin 1967 », deux jours dans la vie d’une femme de trente ans, dans les années soixante, dans une ferme du Cantal ; vie saccagée vissée coincée entre son mari violent et ses trois enfants qui sont toute sa vie.
Marie-Hélène Lafon s’approche au plus près du flux de conscience de son personnage et en révèle l’intime profondeur. Malgré la violence omniprésente et l’effroyable peur qui l’accompagne, Marie-Hélène Lafon donne voix et corps à ce portrait de femme avec une précision chirurgicale, déjouant tous les clichés et les complaisances; c’est inouï, abyssal, sans concession, avec en sourdine une douloureuse douceur. La mise en théâtre est d’une grande simplicité, pour tout décor une chaise, une lumière forte et solaire de juin, sans effets. Il s’agit simplement d’incarner les mots, les gestes, (comme toujours chez
Marie-Hélène L., les gestes tiennent lieu de discours), les rythmes, et bien sûr aussi les silences, sans en appuyer le sens; rester au plus près du texte, de son flux, à la lisière de l’incarnation du personnage de la mère. »
André Le Hir

Comédien dans le répertoire classique et contemporain, André Le Hir a joué sous la direction de nombreux metteurs en scène de tous horizons. Parallèlement, sa passion de la littérature l’a conduit à créer plusieurs solos sur des textes qui, à l’origine, ne sont pas destinés à la scène.